

Il y a des rencontres qui ne se font pas en douceur.
Elles frappent comme un séisme intérieur et changent définitivement notre manière de voir, de comprendre… et d’exister.
Pour moi, cette rencontre s’appelait David W. Leaf, D.C., DIBAK.
Un mentor.
Un maître.
Un thérapeute d’une précision rare.
Un guide.
Et, avec le temps, un véritable ami.
David nous a quittés récemment.
Et il m’a semblé essentiel de transmettre ce qu’il m’a donné — car une grande partie de ma vision, et l’ADN de KVS Formation, vient directement de lui.
En 2007, j’étais en 4ᵉ année d’IFEC lorsque j’ai appris que “le grand David Leaf” venait enseigner son cours de 100H en France.
On m’a dit qu’il fallait absolument y assister.
On avait raison.
Dès les premières heures du séminaire, j’ai rencontré un homme au savoir immense, d’une exigence presque intimidante, et doté d’une capacité d’analyse fascinante.
Il insistait sur la précision du testing musculaire, la rigueur du geste, la lecture fine du corps.
J’ai compris immédiatement :
plus rien, dans ma manière de travailler, ne serait comme avant.
Nous étions plus de 130 étudiants.
Prendre la parole relevait presque du défi.
Mais j’avais un besoin viscéral de comprendre.
Alors je posais question sur question.
Très vite, David m’a donné un surnom : “Question Man”.
Un surnom qui m’a suivi pendant plus de douze ans.
Après huit séminaires intensifs, des centaines d’heures de travail, une pratique quotidienne acharnée, il m’a offert un honneur immense :
devenir son assistant, avec mon ami Florent Fournier.
Nous avons ensuite enseigné à ses côtés pendant plus d’une décennie, formant chaque année des centaines de chiropracteurs.
On disait parfois de David qu’il était dur.
C’était vrai… à sa façon.
Mais derrière cette fermeté, j’ai découvert un homme sensible, drôle, authentique.
Capable de masser mes adducteurs au coude avec une intensité mémorable, puis de lancer une plaisanterie sur la démarche d’un athlète — avec un humour irrésistible.
C’était David :
une précision clinique absolue,
un sens de l’observation presque surnaturel,
et une humanité profonde.
Pour David, le soin n’était jamais un simple acte.
C’était une dynamique.
Il répétait sans cesse :
“How long does it last?”
Combien de temps cela va-t-il durer ?
On peut offrir le meilleur soin du monde…
Mais si le patient retourne à des habitudes néfastes, tout reviendra.
Cette phrase est devenue un pilier de ma pratique.
Elle influence ma manière de traiter, d’enseigner, et elle a contribué à la création de Kvs Formation.
Car un oreiller adapté,
une posture de travail correcte,
une assise pensée pour la morphologie…
ce sont des soins qui durent.
Grâce à Monique, sa première épouse, David connaissait profondément la culture française.
Il aimait l’IFEC, il aimait nos étudiants, et il aimait notre communauté.
Il nous disait souvent :
“Vous êtes ma famille.”
En 2019, lorsqu’il reçoit le titre de membre d’honneur d’ICAK-France, il ne peut retenir ses larmes.
Un moment gravé dans ma mémoire.
Deux semaines avant son décès, j’étais avec Timothy vom Scheidt, devenu DIBAK et ancien élève de David.
Nous donnions notre premier séminaire issu de son enseignement — séminaire auquel il aurait dû assister, mais que sa santé lui a empêché d’honorer.
Nous avons réussi à l’avoir au téléphone.
Il plaisantait, il riait encore.
Puis il nous a dit une phrase que je n’oublierai jamais :
“Vous êtes une partie de mon héritage… comme je suis une partie de celui de George (Goodheart).”
Avant d’ajouter :
“Soyez de bons profs.
Et fouettez les mauvais testeurs musculaires.”
Il a terminé par un simple :
“Au revoir.”
Ses derniers mots pour moi.
Un condensé de douceur, de fermeté, d’humour, et de tout ce qui le rendait unique.
David Leaf n’est plus là.
Mais ce qu’il nous a transmis, lui, ne disparaît pas.
Il a planté des graines :
de rigueur,
de connaissance,
d’humanité,
d’exigence,
de respect du patient.
Et tant que nous transmettrons à notre tour,
tant que sa philosophie guidera nos gestes,
tant que nous chercherons des solutions qui durent,
son héritage vivra.
Kvs formation en est une partie directe.
Parce qu’aider durablement les patients, c’est exactement ce qu’il m’a appris.
Merci pour ton enseignement.
Merci pour ton humour.
Merci pour ton exigence.
Merci pour ta générosité.
Merci pour l’amitié.
Tu peux te reposer en paix.
La flamme continuera d’être transmise.